Le développement
personnel dans le management .
Le premier à avoir introduit le développement personnel dans la sphère
professionnelle est Abraham Maslow (1908-1970). Il
a proposé une hiérarchie des besoins représentée sous forme de pyramide, avec,
au sommet, l’accomplissement de soi, défini comme le désir de devenir de plus
en plus ce qu’on est et de devenir totalement ce qu’on est en mesure de
devenir26 .
Maslow était persuadé
que seulement une infime proportion des hommes atteignait ce seuil d’auto-accomplissement
– il estima le chiffre à 1 %27 . Sa vision d’une hiérarchie des besoins a eu
pour fâcheuse conséquence que le stade « supérieur » du développement personnel
a été considéré comme réservé à ceux qui étaient en haut de la pyramide de
l’organisation, tandis que les besoins de la masse d'employés semblaient ne pas
dépasser le stade de la sécurité d'emploi et des bonnes conditions de travail.
Puis, alors que les
organisations et les marchés du travail se globalisaient, la responsabilité de
développement des personnes glisse progressivement de l’entreprise vers
l’individu. Ainsi, en 1999, le penseur manager Peter Drucker constate dans le
Harvard Business Review28 :
« Nous vivons un âge
d’opportunités sans précédent : si vous avez l’ambition et l’intelligence, vous
pouvez monter au sommet du métier que vous avez choisi quel que soit votre
point de départ. Mais avec cette opportunité vient la responsabilité. Les
entreprises, aujourd’hui, ne gèrent plus les carrières de leurs employés ; les
travailleurs du savoir doivent effectivement devenir leur propre Pdg. C’est à
vous de vous tailler une place, de savoir quand il est temps de changer de
trajectoire, et de rester engagé et productif pendant une vie de travail qui
dure une cinquantaine d’années. »
Les professeurs en
management, Sumantra Ghoshal, de la London Business School, et Christopher
Barlett, de la Harvard Business School, écrivent de leur côté, en 1997, que les
entreprises doivent manager leurs employés individuellement et ainsi établir un
nouveau contrat de travail29.
D'un côté, l’entreprise
doit admettre que le développement personnel crée de la valeur : « la
performance du marché ne découle pas de la sagesse omnipotente des dirigeants
mais de l’initiative, de la créativité et des compétences de tous les employés.
»
D’autre part, les employés doivent reconnaître que leur travail inclut à part
entière cette notion de développement personnel et ainsi « embrasse la force
vive de l’apprentissage continu et du développement personnel. »
Désormais, les perspectives de carrière ont changé. Il s’agit moins de grimper
dans la hiérarchie de l’entreprise que d’assurer son développement personnel en
même temps que son développement professionnel. La recherche montre que les
carrières des femmes suivent des étapes de développement spécifiques et
valorisent différemment la réussite d’une carrière30. Herminia Ibarra montre
que les changements de carrière comportent un changement d’identité
professionnelle31.
Les programmes de
développement personnel des entreprises peuvent se diviser en deux catégories :
les programmes pour motiver les employés et créer des bonnes conditions de
travail, d’une part, et l’investissement stratégique de développement personnel
pour améliorer le capital humain d’autre part.
Lorsqu’il s’agit de
plans d’action en faveur des employés, le but est d’optimiser la satisfaction,
la motivation et la fidélité de ces derniers. Les questionnaires peuvent aider
les entreprises à définir les besoins en matière de développement personnel,
les préférences de chacun et les problèmes récurrents pour ainsi mettre en
place des programmes spécifiques. Les plus courants, dans cette catégorie,
portent sur la maîtrise de l’articulation entre vie personnelle et
professionnelle, sur la gestion du temps ou du stress, sur la santé ou encore
la communication. Beaucoup de ces programmes proposent des activités que les
employés seraient amenés à payer hors de la sphère de l’entreprise : yoga,
sports, arts martiaux, PNL…
Les programmes stratégiques de développement personnel ont pour but d’accroître
le capital humain ou d’augmenter la productivité, la capacité d’innovation et
les qualités individuelles32. Ils n’apparaissent pas comme un coût pour motiver
le personnel, mais bien comme un investissement, dont les résultats dépendent
directement des objectifs stratégiques de développement de l’entreprise.
L’accès à ces programmes se fait par sélection en fonction du potentiel de
l’employé, le plus souvent dans le cadre d’un plan de gestion des talents, et à
destination des nouveaux recrutés, des salariés à haut potentiel, des employés
clés, de l’équipe de ventes, de la recherche et développement, et des futurs
managers. D’autres programmes sont plus généraux et accessibles à la plupart ou
même à tous les employés. On trouve là des formations concernant le
développement de carrière, l’efficacité personnelle, le travail d’équipe, et le
développement des compétences. Le développement personnel fait aussi partie des
outils de management : création d’un plan de développement personnel avec son
manager, évaluation de ses capacités en utilisant une grille de compétence, ou
obtention d’un feedback à partir d’un questionnaire rempli par des collègues de
différents niveaux dans l’organisation33.